La plupart des psys se dirigent vers l’institution comme seul et unique job, souvent, parce que rien ni personne ne parlent de la possibilité d’envisager autre chose. Mais quand l’institution ne correspond pas aux attentes, que se passe-t-il ? Comment faire pour trouver sa place de psychologue en institution ? Quand l’institution nous fait perdre notre vocation, quelles sont les solutions ? Peut-on encore être psychologue lorsqu’on ne trouve plus de sens dans notre travail en institution ?
1. Peut-on « choisir » sa pratique ?
Trouver sa place en tant que psychologue n’est pas toujours évident. Dans une interview, un psychologue évoquait son expérience dans un service de psychiatrie à l’hôpital. Il racontait les limites du cadre avec lesquelles il compose (protocoles, projets avortés, financement bloqué, etc.), mais aussi la frustration de ne pas pouvoir mener les entretiens comme il le souhaiterait, la remise en cause constante de son efficacité, ses difficultés à trouver sa place dans l’équipe, et j’en passe.
Il termine sa prise de parole en évoquant l’impasse dans laquelle il se trouve car le travail en institution est pour lui la seule façon de s’épanouir en tant que psychologue.
Le travail en institution peut correspondre pleinement à des envies, des objectifs et une réelle vocation pour certains. Mais il est tout aussi vrai que pour d’autres, il n’est pas en adéquation avec leurs aspirations (et parfois même à notre travail de psy). Et c’est à ce moment-là que certaines questions émergent :
- Est ce qu’il y a réellement la place pour un psy dans cette institution ?
- Est-ce que ce que l’on me propose au sein de cette institution me correspond pleinement ?
- Comment est-il possible d’allier sens et attentes de la hiérarchie dans ma place de psy ?
- Et si ça n’était pas pour moi… ?
En tant que psychologue, nous avons le statut de cadre. Cependant, notre place n’est pas toujours facile ni à trouver, ni à tenir. C’est une profession non paramédicalisée et dans certains hôpitaux, ça peut être compliqué au niveau de la hiérarchie de le comprendre. D’ailleurs, dans certaines institutions privée, le psychologue fonctionne sur prescription médicale… ce qui va totalement à l’encontre de notre profession.
Alors quel est le sens de notre place de psy finalement ? Comment trouver sa place de psychologue en institution quand ce qu’on nous propose ne correspond pas à nos aspirations et quand il y a un manque de sens ?
2. Perte de sens, perte de vocation
La place du psy en institution peut être un véritable challenge et les difficultés à la trouver peut profondément impacter notre sentiment de légitimité et ébranler notre besoin de reconnaissance.
Il y a plusieurs éléments qui pourraient expliquer notre difficulté à trouver notre place en institution :
- Les psychologues en institution se confronte à une hiérarchie complexe, qui gère une entreprise quand l’équipe soignante fait de la clinique. Cette structure peut limiter l’autonomie et la flexibilité dans la prise en charge des patients, ce qui génère parfois une frustration pour nous, psychologues, qui souhaitons apporter des solutions individualisées et prendre le temps. Malheureusement, on se heurte à des procédures standardisées.
- Travailler au sein d’une équipe pluridisciplinaire peut être source de tensions. On peut faire face à des difficultés de communication (souvent) avec d’autres professionnels de santé, des désaccords quant aux méthodes de traitement ou des divergences d’opinions sur les approches thérapeutiques, ce qui crée parfois un environnement de travail conflictuel et toxique.
- Les institutions accueillent une diversité de patients, chacun ayant des besoins et des contextes différents. En tant que psychologue, s’adapter à ces demandes variées tout en respectant les contraintes institutionnelles peut être un vrai défi. Il peut s’agir d’adaptations constantes, de jongler entre des demandes complexes et parfois contradictoires.
Tout ça sans parler de la maltraitance de certaines institutions et des violences institutionnelles !
3. La place de la violence en institution
Dans les institutions, on ne trouve pas toujours sa place en tant que psy. C’est notamment là où la violence peut aisément s’exprimer et de multiples façons… Paradoxal, non ?
Les psychologues peuvent être exposés à diverses formes de violences institutionnelles. Ça inclus des pressions pour augmenter sa charge de travail, des quotas de patients/dossiers à atteindre, des conflits de valeurs avec la politique institutionnelle, ou encore des normes de pratiques assez contraignantes.
Ces violences peuvent altérer la qualité des soins qu’on prodigue, engendrer un stress professionnel conséquent, et parfois, mener à de forts conflits. Confronté à ces pressions, on peut ressentir un grand conflit intérieur entre notre déontologie/éthique et la réalité des exigences institutionnelles, ce qui impact bien entendu notre bien-être et la qualité de notre travail auprès des patients.
Le psychologue ne fait pas partie des professions médicales et parfois, l’institution peut nous le faire comprendre par de petits détails, qui accumulés, deviennent gênants :
- Ne pas être entendu ;
- Notre avis n’est pas pris en compte ;
- Ne pas avoir les mêmes droits aux formations que les médecins ;
- Le salaire qui n’est pas à la hauteur de nos années d’études ;
- Les collègues soignants qui ne connaissent/comprennent pas réellement ce qu’on fait ;
- Les contrats dans la fonction publique, souvent trop courts, sans projection d’avenir ;
- Etc.
4. Quelles solutions quand on ne trouve pas sa place de psychologue en institution ?
Heureusement, la pratique en institution n’est pas l’unique possibilité de trouver un travail en tant que psychologue. Une autre possibilité existe : celle de l’exercice libéral.
D’une part, le libéral offre une plus grande autonomie, la possibilité de fixer ses horaires, de choisir ses patients et de développer sa propre pratique, tout en permettant une liberté clinique plus importante. Néanmoins, elle implique aussi des responsabilités et des charges administratives supplémentaires. En revanche, la pratique institutionnelle assure une certaine sécurité financière mais limite la liberté clinique et le contrôle sur les méthodes thérapeutiques.
Il n’y a donc pas de mieux ou de moins bien. Il y a surtout ce qui correspond à chacun mais il est nécessaire de rappeler qu’un psychologue qui ne trouve pas sa place en institution n’est pas voué à vivre l’échec professionnel. D’autres solutions existent.
Combiner les deux activités peut permettre d’avoir la stabilité de l’institution tout en retrouvant du sens et une liberté grâce à une pratique libérale. Cette diversité offre la possibilité d’expérimenter, d’apprendre et de contribuer à différents aspects de notre pratique, tout en entretenant une dynamique professionnelle enrichissante.
Il peut être anxiogène de prendre une décision radicale qui modifierait complètement l’exercice de sa profession. Mais quand la place dans l’institution menace notre vocation en tant que psy, il devient nécessaire de s’écouter et d’agir. Alors écoutez-vous et envisagez d’autres options.
C’est notamment l’option du libéral et tout ce qu’il comporte comme avantages et difficultés que je vous partage dans une conférence en ligne. Pour y participez, inscrivez-vous ici.