Les animaux ont toujours fait parti de notre existence et de notre quotidien. On les considère même parfois comme un membre de la famille. Lorsque nous côtoyons un animal, il y a un phénomène particulier qui se produit, qui augmente notre sensibilité, développe notre degré de responsabilité et qui nous active émotionnellement. En prenant ces éléments en compte, on peut se demander quel animal en thérapie peut-on choisir pour accompagner nos patients ?
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1- Qu’est-ce que la zoothérapie ?
La Thérapie par la Médiation d’un Animal ou Zoothérapie c’est une méthode de thérapie qui regroupe des interventions thérapeutiques et des activités avec l’assistance d’un animal et qui permet d’aborder autrement la relation avec le psychologue. L’animal devient donc un médiateur.
Mais attention la zoothérapie est différente de ce qu’on appelle les « Activités Assistées par l’Animal » qui sont destinées à motiver, éduquer ou divertir. Contrairement à la zoothérapie, les activités assistées par l’animal n’ont pas d’objectif thérapeutique.
Il faut savoir que la zoothérapie n’est pas nouvelle, elle existe depuis le 19e siècle. À l’époque, ils avaient déjà recours aux animaux pour soigner les patients qui avaient des maladies mentales ou des traumatismes. C’est notamment Boris Levinson, un psychiatre new-yorkais, qui a créé la zoothérapie en 1950.
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Regarder l’histoire de la découverte de la médiation animale en vidéo :
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2- Pourquoi faire de la zoothérapie ?
La présence des animaux au fur et à mesure de la thérapie aurait de nombreux bienfaits sur :
- La mémoire ;
- La motricité et la mobilité ;
- La responsabilité ;
- L’estime de soi ;
- L’expression des émotions ;
- Le sentiment de solitude ;
- L’anxiété et la dépression ;
- La communication ;
- Le lien aux autres ;
Et bien d’autres. Il y a plusieurs études qui ont été menées ces dernières années prouvant à chaque fois que cette thérapie est efficace. Il y a par exemple une étude publiée en juin 2020 dans le Journal of Autism and Developmental Disorders qui aborde les effets de la médiation animale sur le stress, la réponse sociale et l’estime de soi chez les personnes autistes. Le programme était constitué d’un protocole structuré en 10 séances individuelles hebdomadaires de 60 minutes par séance. Un chien de thérapie était présent durant toutes les séances de thérapie. Les résultats de l’étude montrent que comparé au groupe témoin, la Thérapie Assistée par l’Animal avait réduit le stress et l’agoraphobie chez les patients autistes. Mais aussi qu’elle avait réduit les difficultés liées à la communication sociale. Il y a également des indicateurs qui montrent une réduction des symptômes dépressifs.
En résumé, les études scientifiques commencent à se multiplier et il faut encore d’autres études plus larges pour montrer l’efficacité de cette thérapie.
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3- Comment fonctionne la zoothérapie ?
Depuis la création de la zoothérapie par Levinson, elle s’est développée. Aujourd’hui de nombreux établissements en France, en Angleterre, en Suisse, mais surtout au Canada pratiquent cette thérapie. Ils l’appellent la Pet Therapy.
En France, cette thérapie est plutôt pratiquée au sein des EPHAD, dans les hôpitaux, les structures médico-sociales, etc. Il y a plusieurs possibilités, tout dépend de l’objectif thérapeutique recherché :
- Soit l’animal est simplement présent dans la structure au sein d’activités thérapeutiques par exemple. Ça peut être le cas dans les EPHAD par exemple où les résidents côtoient quotidiennement l’animal. Sa présence favoriserait les interactions entre les participants et instaurerait un climat de détente ;
- Soit en séance de thérapie groupale. Des activités ou ateliers sont organisés avec les patients pour des promenades, des moments de soin avec l’animal, des jeux, etc ;
- Soit en séance de thérapie individuelle comme l’histoire de Boris Levinson et du petit Johnny. Le simple fait d’être en contact avec un animal ou de l’observer un aurait un effet apaisant et réconfortant pour les patients.
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4- Qui peut bénéficier de la zoothérapie ?
Concernant le public, tout le monde peut avoir recours à la zoothérapie, aussi bien les enfants, que les ados, que les adultes ou les personnes âgées.
La plupart du temps dans les institutions ou les hôpitaux, le personnel médical va plutôt proposer d’utiliser cette thérapie pour les patients autistes, qui ont un retard de langage, des phobies, des troubles du comportement ou d’anxiété, un manque de confiance, mais aussi pour de la délinquance, la schizophrénie, le handicap, la maladie d’Alzheimer, etc. De nombreuses pathologies sont concernées.
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5- Quels animaux pour la médiation animale ?
À nouveau, de nombreuses études sont en cours mais je vais déjà vous citer non pas un animal en thérapie, mais plusieurs qui sont « utilisés » :
- Les chiens. C’est l’animal de médiation par excellence. Ils suscitent de la sympathie, ils stimulent l’activité cognitive et éveillent la curiosité. Ils ont également des qualités de catalyseur social ;
- Les chats, ils permettraient de mettre en place un cadre apaisant et rassurant, ils stimulent les capacités propres du patient ;
- Les chevaux, ils permettraient de stimuler les émotions, de mettre en confiance ;
- Les rongeurs, ils permettraient de stimuler ou d’apaiser mais aussi de développer certaines capacités. Une psychologue m’a récemment parlé du hamster qu’elle avait dans son cabinet et qui avait montré des effets très bénéfiques sur les enfants qu’elle recevait en consultation ;
- Les hiboux et les oiseaux, ils permettraient de soutenir l’attention visuelle, de développer les capacités d’attention et de concentration ;
- Les dauphins ;
- Les lamas, ils permettraient de travailler son assurance et sa capacité à s’exprimer.
Et il y en a pleins d’autres encore ! Les animaux sont très sensibles aux communications non-verbales et perçoivent immédiatement l’état émotionnel d’une personne, ils sont de vrais thermomètres émotionnels. Je rappelle toutefois que les animaux ne soignent pas. Ils sont simplement des médiateurs.
A l’inverse, la présence d’un animal peut aussi être néfaste et anxiogène pour le patient. Donc il sera important de voir ça avec lui en amont et d’être attentif à ce qu’il se passe en séance.
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6- Quel diplôme pour faire de la zoothérapie ?
En théorie, si vous souhaitez proposer des ateliers ou des activités avec un animal, il faudra que vous soyez formé. L’exercice de la médiation par l’animal dans le milieu institutionnel va demander l’observation de règles élémentaires de prudence, d’éthique et de sécurité. Donc la mise en place d’un programme en médiation par l’animal exige à la fois des connaissances de la lecture de l’animal et celle des problèmes vécus par les patients. C’est que l’on appelle : une triangulation et c’est indispensable dans la zoothérapie.
Concernant les formations, il faut savoir que le diplôme de zoothérapeute n’existe pas à proprement parlé, il vous faudra un diplôme dans le milieu médico-social pour devenir Intervenant Professionnel en médiation animale ce qui est le cas pour les psychologues, les psychomotriciens, les ergothérapeutes, les médecins, les éducateurs, etc.
Pour vous former, il y a l’Institut Français de Zoothérapie qui est assez renommé. Ils sont le 1er organisme de Formation Professionnelle sur les Médiation par l’Animal en France depuis 2003.
Mais il faut savoir que la formation n’est actuellement pas obligatoire pour intervenir avec les animaux auprès de patients, si ce n’est d’avoir au moins le diplôme de base dans le domaine du médico-social
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7- Peut-on recevoir les patients avec son animal en tant que psy ?
Si vous souhaitez être accompagné de votre chat, de votre chien, de votre hamster au sein de votre cabinet c’est tout à fait possible. Vous n’avez aucune obligation concernant la présence de votre animal, mais à la différence des ateliers ou des activités dans le cadre institutionnel, l’idée est simplement que votre animal soit présent. Pourquoi ? Parce qu’il reste toujours un médiateur, il va agir et réagir d’une certaine manière avec les patients, et même s’il ne fait que dormir à côté de vous, ça va aussi avoir un impact sur le patient.
Il est nécessaire que votre animal ait reçu une éducation adaptée au préalable. Il faut que vous connaissiez votre animal autant dans ses qualités que dans ses limites, donc les bébés animaux ce n’est pas vraiment possible.
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